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“813”

mur, et presque à genoux, tout prêt à bondir.

Il sentit que l’ombre effleurait, palpait les draps du lit, pour se rendre compte de l’endroit où il allait frapper. Lupin entendit sa respiration. Il crut même entendre les battements de son cœur. Et il constata avec orgueil que son cœur à lui ne battait pas plus fort… tandis que le cœur de l’autre… Oh ! oui, comme il l’entendait, ce cœur désordonné, fou, qui se heurtait, comme le battant d’une cloche, aux parois de la poitrine.

La main de l’autre se leva…

Une seconde, deux secondes…

Est-ce qu’il hésitait ? Allait-il encore épargner son adversaire ?

Et Lupin prononça dans le grand silence :

— Mais frappe donc ! frappe !

Un cri de rage… Le bras s’abattit comme un ressort.

Puis un gémissement.

Ce bras. Lupin l’avait saisi au vol, à la hauteur du poignet… Et, se ruant hors du lit, formidable, irrésistible, il agrippait l’homme à la gorge et le renversait.

Ce fut tout. Il n’y eut pas de lutte. Il ne pouvait même pas y avoir de lutte. L’homme était à terre, cloué, rivé par deux rivets d’acier, les mains de Lupin. Et il n’y avait pas d’homme au monde, si fort qu’il fût, qui pût se dégager de cette étreinte.

Et pas un mot ! Lupin ne prononça aucune de ces paroles où s’amusait d’ordinaire sa verve gouailleuse. Il n’avait pas envie de parler. L’instant était trop solennel.