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“813”

Elle murmura, les joues baignées de larmes, toute honteuse :

— Vous ne comprenez pas ?

— Non.

— Mais pensez donc, dit-elle en frissonnant, j’étais la sœur d’Isilda la folle, la sœur d’Altenheim le bandit. Mon mari, ou plutôt mon fiancé, n’a pas voulu que je reste cela. Il m’aimait. Moi aussi, je l’aimais, et j’ai consenti. Il a supprimé sur les registres Dolorès de Malreich, il m’a acheté d’autres papiers, une autre personnalité, un autre acte de naissance, et je me suis mariée en Hollande sous un autre nom de jeune fille, Dolorès Amonti.

Lupin réfléchit un instant et prononça pensivement :

— Oui… oui… je comprends… Mais alors Louis de Malreich n’existe pas, et l’assassin de votre mari, l’assassin de votre sœur et de votre frère, ne s’appelle pas ainsi… Son nom…

Elle se redressa et vivement :

— Son nom ! oui, il s’appelle ainsi… oui, c’est son nom tout de même… Louis de Malreich, L et M… Souvenez-vous… Ah ! ne cherchez pas, c’est le secret terrible… Et puis, qu’importe !… le coupable est là-bas… Il est le coupable… je vous le dis… Est-ce qu’il s’est défendu quand je l’ai accusé, face à face ? Est-ce qu’il pouvait se défendre, sous ce nom-là ou sous un autre ? C’est lui… c’est lui… il a tué, il a frappé… le poignard… le poignard d’acier… Ah ! si l’on pouvait tout dire !… Louis de Malreich… Si je pouvais…

Elle se roulait sur la chaise longue, dans une crise nerveuse, et sa main s’était crispée