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“813”

même l’eût aperçu. Tu mens quand tu dis que tu ne veux pas accepter un rôle que tu ignores. Ce rôle, tu le connais. C’est celui qu’eût joué Pierre Leduc, s’il n’était pas mort.

— Mais Pierre Leduc, pour moi, pour tout le monde, ce n’est encore qu’un nom. Qui était-il ? Qui suis-je ?

— Qu’est-ce que ça peut te faire ?

— Je veux savoir. Je veux savoir où je vais.

— Et si tu le sais, marcheras-tu droit devant toi ?

— Oui, si ce but dont vous parlez en vaut la peine.

— Sans cela, crois-tu que je me donnerais tant de mal ?

— Qui suis-je ? Et quel que soit mon destin, soyez sûr que j’en serai digne. Mais je veux savoir. Qui suis-je ?

Arsène Lupin ôta son chapeau, s’inclina et dit :

— Hermann IV, grand-duc de Deux-Ponts-Veldenz, prince de Berncastel, électeur de Trèves, et seigneur d’autres lieux.

Trois jours plus tard. Lupin emmenait Mme Kesselbach en automobile du côté de la frontière. Le voyage fut silencieux.

Lupin se rappelait avec émotion le geste effrayé de Dolorès et les paroles qu’elle avait prononcées dans la maison de la rue des Vignes au moment où il allait la défendre contre les complices d’Altenheim. Et elle devait s’en souvenir aussi car elle restait gênée en sa présence, et visiblement troublée.

Le soir, ils arrivèrent dans un petit château