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famille de Malreich. Il n’y a que les fous qui tuent, et surtout des fous comme celui-là. Car enfin…

Il s’interrompit, et son visage se contracta si profondément que Doudeville en fut frappé.

— Qu’y a-t-il, patron ?

— Regarde.

III

Un homme venait d’entrer qui suspendit à une patère son chapeau — un chapeau noir, en feutre mou — s’assit à une petite table, examina le menu qu’un garçon lui offrait, commanda, et attendit, immobile, le buste rigide, les deux bras croisés sur la nappe.

Et Lupin le vit bien en face.

Il avait un visage maigre et sec, entièrement glabre, troué d’orbites profondes au creux desquelles on apercevait des yeux gris, couleur de fer. La peau paraissait tendue d’un os à l’autre, comme un parchemin, si raide, si épais, qu’aucun poil n’aurait pu le percer.

Et le visage était morne. Aucune expression ne l’animait. Aucune pensée ne semblait vivre sous ce front d’ivoire. Et les paupières, sans cils, ne bougeaient jamais, ce qui donnait au regard la fixité d’un regard de statue.

Lupin fit signe à l’un des garçons de l’établissement.

— Quel est ce monsieur ?

— Celui qui déjeune là ?

— Oui.