Page:Leblanc - 813, 1910.djvu/395

Cette page a été validée par deux contributeurs.
“813”
385

Jamais en plein jour. Ses ordres arrivent sur de petits bouts de papier ou par téléphone.

— Son nom ?

— Je l’ignore. On ne parlait jamais de lui. Ça portait malheur.

— Il est vêtu de noir, n’est-ce pas ?

— Oui, de noir. Il est petit et mince… blond…

— Et il tue, n’est-ce pas ?

— Oui, il tue… il tue comme d’autres volent un morceau de pain.

Sa voix tremblait. Il supplia :

— Taisons-nous… il ne faut pas en parler… je vous le dis… ça porte malheur.

Lupin se tut, impressionné malgré lui par l’angoisse de cet homme.

Il resta longtemps pensif, puis il se leva et dit au maître d’hôtel :

— Tiens, voilà ton argent, mais si tu veux vivre en paix, tu feras sagement de ne souffler mot à personne de notre entrevue.

Il sortit du restaurant avec Doudeville, et il marcha jusqu’à la porte Saint-Denis, sans mot dire, préoccupé par tout ce qu’il venait d’apprendre.

Enfin, il saisit le bras de son compagnon et prononça :

— Écoute bien, Doudeville. Tu vas aller à la gare du Nord où tu arriveras à temps pour sauter dans l’express du Luxembourg. Tu iras à Veldenz, la capitale du grand-duché de Deux-Ponts-Veldenz. À la Maison-de-Ville, tu obtiendras facilement l’acte de naissance du chevalier de Malreich, et des renseignements sur sa famille. Après-demain samedi, tu seras de retour.