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nom ! Pensiez-vous donc que Lupin avait trépassé ? Ah ! oui, je comprends, la prison… vous espériez… Enfant, va !

Il lui tapota doucement l’épaule.

— Voyons, jeune homme, remettons-nous, nous avons encore quelques bonnes journées paisibles à faire des vers. L’heure n’est pas encore venue. Fais des vers, poète !

Il lui étreignit le bras violemment, et lui dit, face à face :

— Mais l’heure approche, poète. N’oublie pas que tu m’appartiens, corps et âme. Et prépare-toi à jouer ton rôle. Il sera rude et magnifique. Et par Dieu, tu me parais vraiment l’homme de ce rôle !

Il éclata de rire, fit une pirouette, et laissa le jeune Leduc abasourdi.

Il y avait plus loin, au coin de la rue de la Pompe, le débit de vins dont lui avait parlé Mme Kesselbach. Il entra et causa longuement avec le patron. Puis il prit une auto et se fit conduire au Grand-Hôtel, où il habitait sous le nom d’André Beauny.

Les frères Doudeville l’y attendaient.

Bien que blasé sur ces sortes de jouissances, Lupin n’en goûta pas moins les témoignages d’admiration et de dévouement dont ses amis l’accablèrent.

— Enfin, patron, expliquez-nous… Que s’est-il passé ? Avec vous, nous sommes habitués aux prodiges… mais, tout de même, il y a des limites… Alors, vous êtes libre ? Et vous voilà ici, au cœur de Paris, à peine déguisé.

— Un cigare ? offrit Lupin.