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“813”

— Combien de minutes jusqu’à midi ? reprit Lupin.

— Quarante, lui dit-on.

— Quarante ?… J’arriverai… il est certain que j’arriverai… Il le faut…

Il empoigna sa tête à deux mains.

— Ah ! si j’avais mon cerveau, le vrai, mon bon cerveau qui pense ! ce serait l’affaire d’une seconde ! Il n’y a plus qu’un point de ténèbres… Mais je ne peux pas… ma pensée me fuit… je ne peux pas la saisir… c’est atroce…

Ses épaules sursautaient. Pleurait-il ?

On l’entendit qui répétait :

— 813… 813…

Et, plus bas :

— 813… un 8… un 1… un 3… oui, évidemment… mais pourquoi ?… ça ne suffit pas…

L’Empereur murmura :

— Il m’impressionne. J’ai peine à croire qu’un homme puisse ainsi jouer un rôle… La demie… les trois quarts…

Lupin demeurait immobile, les poings plaqués aux tempes.

L’Empereur attendait, les yeux fixés sur un chronomètre que tenait Waldemar.

— Encore dix minutes… encore cinq…

— Waldemar, l’auto est là ? Tes hommes sont prêts ?

— Oui, Sire.

— Ton chronomètre est à sonnerie ?

— Oui, Sire.

— Au dernier coup de midi alors…

— Pourtant…

— Au dernier coup de midi, Waldemar.

Vraiment la scène avait quelque chose de