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— Sans enfants ?

— Il avait un fils qui se maria et qui fut chassé, ainsi que sa femme, pour conduite scandaleuse. Ils laissèrent le plus jeune de leurs enfants, une petite fille nommée Isilda.

— Où habite-t-elle ?

— Elle habite ici, au bout des communs. Le vieux grand-père servait de guide aux visiteurs, à l’époque où l’on pouvait visiter le château. La petite Isilda, depuis, a toujours vécu dans ces ruines, où on la tolère par pitié : c’est un pauvre être innocent qui parle à peine et qui ne sait ce qu’il dit.

— A-t-elle toujours été ainsi ?

— Il paraît que non. C’est vers l’âge de dix ans que sa raison s’en est allée peu à peu.

— À la suite d’un chagrin, d’une peur ?

— Non, sans motif, m’a-t-on dit. Le père était alcoolique, et la mère s’est tuée dans un accès de folie.

Lupin réfléchit et conclut :

— Je voudrais la voir.

Le comte eut un sourire assez étrange.

— Vous pouvez la voir, certainement.

Elle se trouvait justement dans une des pièces qu’on lui avait abandonnées.

Lupin fut surpris de trouver une mignonne créature, trop mince, trop pâle, mais presque jolie avec ses cheveux blonds et sa figure délicate. Ses yeux, d’un vert d’eau, avaient l’expression vague, rêveuse, des yeux d’aveugle.

Il lui posa quelques interrogations auxquelles Isilda ne répondit pas, et d’autres auxquelles elle répondit par des phrases incohérentes, comme si elle ne comprenait ni le sens des