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“813”

Dans la cour, une forte limousine attendait. Deux hommes montèrent en avant, deux autres à l’intérieur. Lupin et l’étranger s’installèrent sur la banquette du fond.

— En route, s’écria Lupin en allemand, en route pour Veldenz.

Le comte lui dit :

— Silence ! ces gens-là ne doivent rien savoir. Parlez français. Ils ne comprennent pas. Mais pourquoi parler ?

— Au fait, se dit Lupin, pourquoi parler ?

Tout le soir et toute la nuit on roula, sans aucun incident. Deux fois on fit de l’essence dans de petites villes endormies.

À tour de rôle, les Allemands veillèrent leur prisonnier qui, lui, n’ouvrit les yeux qu’au petit matin…

On s’arrêta pour le premier repas, dans une auberge située sur une colline, près de laquelle il y avait un poteau indicateur. Lupin vit qu’on se trouvait à égale distance de Metz et de Luxembourg. Là on prit une route qui obliquait vers le nord-est du côté de Trèves.

Lupin dit à son compagnon de voyage :

— C’est bien au comte de Waldemar que j’ai l’honneur de parler, au confident de l’Empereur, à celui qui fouilla la maison d’Hermann III à Dresde ?

L’étranger demeura muet.

— Toi, mon petit, pensa Lupin, tu as une tête qui ne me revient pas. Je me la paierai un jour ou l’autre. Tu es laid, tu es gros, tu es massif ; bref, tu me déplais. 

Et il ajouta à haute voix :