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III

Jamais peut-être la curiosité publique ne fut secouée autant que par le duel annoncé entre Sholmès et Lupin, duel invisible en la circonstance, anonyme, pourrait-on dire, — mais duel impressionnant par tout le scandale qui se produisait autour de l’aventure, et par l’enjeu que se disputaient les deux ennemis irréconciliables, opposés l’un à l’autre cette fois encore.

Et il ne s’agissait pas de petits intérêts particuliers, d’insignifiants cambriolages, de misérables passions individuelles mais d’une affaire vraiment mondiale, où la politique de trois grandes nations de l’Occident était engagée, et qui pouvait troubler la paix de l’univers.

On attendait donc anxieusement, et l’on ne savait pas au juste ce que l’on attendait. Car enfin, si le détective sortait vainqueur du duel, s’il trouvait les lettres, qui le saurait ? Quelle preuve aurait-on de ce triomphe ?

Au fond, l’on n’espérait qu’en Lupin, en son habitude connue de prendre le public à témoin de ses actes. Qu’allait-il faire ? Comment pourrait-il conjurer l’effroyable danger qui le menaçait ? En avait-il seulement connaissance ? Voilà les questions qu’on se posait.

Entre les quatre murs de sa cellule, le détenu no 14 se posait à peu près les mêmes questions,