— Un soir, ils quittèrent la ville de Trèves, vêtus de blouses et de casquettes d’ouvriers, un bâton sur le dos, un paquet au bout du bâton. Ils firent à pied les 35 kilomètres qui les séparaient de Veldenz où se trouve le vieux château de Deux-Ponts, ou plutôt les ruines du vieux château.
— Pas de description.
— Tout le jour, ils restèrent cachés dans une forêt avoisinante. La nuit d’après, ils s’approchèrent des anciens remparts. Là, Hermann ordonna à son domestique de l’attendre, et il escalada le mur à l’endroit d’une brèche nommée la Brèche-au-Loup. Une heure plus tard il revenait. La semaine suivante, après de nouvelles pérégrinations, il retournait chez lui, à Dresde. L’expédition était finie.
— Et le but de cette expédition ?
— Le grand-duc n’en souffla pas un mot à son domestique. Mais celui-ci, par certains détails, par la coïncidence des faits qui se produisirent, put reconstituer la vérité, du moins en partie.
— Vite, Steinweg, le temps presse maintenant, et je suis avide de savoir.
— Quinze jours après l’expédition, le comte de Waldemar, officier de la garde de l’Empereur et l’un de ses amis personnels, se présentait chez le grand-duc accompagné de six hommes. Il resta là toute la journée, enfermé dans le bureau du grand-duc. À plusieurs reprises, on entendit le bruit d’altercations, de violentes disputes. Cette phrase, même, fut perçue par le domestique, qui passait dans le jardin, sous les fenêtres : « Ces papiers vous ont été remis, Sa Majesté en est sûre. Si vous ne voulez