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— De votre côté… mais du mien ? observa le vieux Steinweg.

— Pourquoi viendrait-on ?

— Si l’on a entendu le cri qu’il a poussé ?

— Je ne crois pas. Mais en tout cas mes amis t’ont donné les fausses clefs ?

— Oui.

— Alors, bouche la serrure… C’est fait ? Eh bien ! maintenant nous avons, pour le moins, dix bonnes minutes devant nous. Tu vois, mon cher, comme les choses les plus difficiles en apparence sont simples en réalité. Il suffit d’un peu de sang-froid et de savoir se plier aux circonstances. Allons, ne t’émeus pas, et cause. En allemand, veux-tu ? Il est inutile que ce type-là participe aux secrets d’État que nous agitons. Va, mon vieux, et posément. Nous sommes ici chez nous.

Steinweg reprit :

— Le soir même de la mort de Bismarck, le grand-duc Hermann III et son fidèle domestique — mon ami du Cap — montèrent dans un train qui les conduisit à Munich à temps pour prendre le rapide de Vienne. De Vienne ils allèrent à Constantinople, puis au Caire, puis à Naples, puis à Tunis, puis en Espagne, puis à Paris, puis à Londres, à Saint-Pétersbourg, à Varsovie… Et dans aucune de ces villes, ils ne s’arrêtaient. Ils sautaient dans un fiacre, faisaient charger leurs deux valises, galopaient à travers les rues, filaient vers une station voisine ou vers l’embarcadère, et reprenaient le train ou le paquebot.

— Bref, suivis, ils cherchaient à dépister, conclut Arsène Lupin.