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L’autre empoigna son couteau. Il lui saisit le bras :

— Pas de bêtises, hein ! J’ai une idée. Mais, pour Dieu, comprends-moi bien, Marco, et parle à ton tour… Parle comme si tu étais Kesselbach… Tu entends, Marco, tu es Kesselbach.

Il s’exprimait avec un tel sang-froid et une autorité si violente que Marco comprit, sans plus d’explication, qu’il devait jouer le rôle de Kesselbach, et prononça, de façon à être entendu :

— Vous m’excuserez, mon cher. Dites à M. Gourel que je suis désolé, mais que j’ai à faire par-dessus la tête… Je le recevrai demain matin à neuf heures, oui, à neuf heures exactement.

— Bien, souffla l’autre, ne bouge plus.

Il revint dans l’antichambre, Gourel attendait. Il lui dit :

M. Kesselbach s’excuse. Il achève un travail important. Vous est-il possible de venir demain matin, à neuf heures ?

Il y eut un silence. Gourel semblait surpris et vaguement inquiet. Au fond de sa poche, le poing de l’homme se crispa. Un geste équivoque, et il frappait.

Enfin, Gourel dit :

— Soit… À demain neuf heures mais tout de même… Eh bien ! oui, neuf heures, je serai là…

Et, remettant son chapeau, il s’éloigna par les couloirs de l’hôtel.

Marco, dans le salon, éclata de rire.

— Rudement fort, le patron. Ah ! ce que vous l’avez roulé !