Page:Leblanc - 813, 1910.djvu/282

Cette page a été validée par deux contributeurs.
272
“813”

— Halte ! cria M. Weber en s’interposant. Va, Lupin je te donne une heure… Si, dans une heure…

— Je ne veux pas de conditions, objecta Lupin, intraitable.

— Eh ! fais donc à ta guise, animal ! grogna le sous-chef exaspéré.

Et il recula, entraînant ses hommes avec lui.

— À merveille, dit Lupin. Comme ça, on peut travailler tranquillement.

Il s’assit dans un confortable fauteuil, demanda une cigarette, l’alluma, et se mit à lancer vers le plafond des anneaux de fumée, tandis que les autres attendaient avec une curiosité qu’ils n’essayaient pas de dissimuler. Au bout d’un instant :

— Weber, fais déplacer le lit.

On déplaça le lit.

— Qu’on enlève tous les rideaux de l’alcôve.

On enleva les rideaux. Un long silence commença. On eût dit une de ces expériences d’hypnotisme auxquelles on assiste avec une ironie mêlée d’angoisse, avec la peur obscure des choses mystérieuses qui peuvent se produire. On allait peut-être voir un moribond surgir de l’espace, évoqué par l’incantation irrésistible du magicien. On allait peut-être voir…

— Ça y est, dit Lupin.

— Quoi, déjà ! s’écria M. Formerie.

— Croyez-vous donc, monsieur le juge d’instruction, que je ne pense à rien dans ma cellule, et que je me sois fait amener ici sans avoir quelques idées précises sur la question ?