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Et voilà que M. Lenormand n’était autre qu’Arsène Lupin !

Qu’il fût prince russe, on s’en souciait peu ! Lupin était coutumier de ces métamorphoses. Mais chef de la Sûreté ! Quelle ironie charmante ! Quelle fantaisie dans la conduite de cette vie extraordinaire entre toutes !

M. Lenormand ! Arsène Lupin !

On s’expliquait aujourd’hui les tours de force, miraculeux en apparence, qui récemment encore avaient confondu la foule et déconcerté la police. On comprenait l’escamotage de son complice en plein Palais de Justice, en plein jour, à la date fixée. Lui-même ne l’avait-il pas dit : « Quand on saura la simplicité des moyens que j’ai employés pour cette évasion, on sera stupéfait. C’est tout cela, dira-t-on ? Oui, c’est tout cela, mais il fallait y penser. »

C’était en effet d’une simplicité enfantine : il suffisait d’être chef de la Sûreté.

Or, Lupin était chef de la Sûreté, et tous les agents, en obéissant à ses ordres, se faisaient les complices involontaires et inconscients de Lupin.

La bonne comédie ! Le bluff admirable ! La farce monumentale et réconfortante à notre époque de veulerie ! Bien que prisonnier, bien que vaincu irrémédiablement, Lupin, malgré tout, était le grand vainqueur. De sa cellule, il rayonnait sur Paris. Plus que jamais il était l’idole, plus que jamais le Maître !

En s’éveillant le lendemain dans son appartement de « Santé-Palace » comme il le désigna