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“813”

Le baron ne fut pas matinal. Une horloge quelque part sonna neuf coups quand il sauta du lit et fit venir son domestique.

Il lut le courrier que celui-ci apportait, s’habilla sans dire un mot, et se mit à écrire des lettres, pendant que le domestique suspendait soigneusement dans le placard les vêtements de la veille, et que Sernine, les poings en bataille, se disait :

— Voyons, faut-il que je défonce le plexus solaire de cet individu ?  

À dix heures, le baron ordonna :

— Va-t’en !

— Voilà, encore ce gilet…

— Vas-t’en, je te dis. Tu reviendras quand je t’appellerai pas avant.

Il poussa la porte lui-même sur le domestique, attendit, en homme qui n’a guère confiance dans les autres, et, s’approchant d’une table où se trouvait un appareil téléphonique, il décrocha le récepteur.

— Allô… mademoiselle, je vous prie de me donner Garches… C’est cela, mademoiselle, vous me sonnerez…

Il resta près de l’appareil.

Sernine frémissait d’impatience. Le baron allait-il communiquer avec son mystérieux compagnon de crime ?

La sonnerie retentit.

— Allô, fit Altenheim… Ah ! c’est Garches… parfait… Mademoiselle, je voudrais le numéro 38… Oui, 38, deux fois quatre…

Et au bout de quelques secondes, la voix plus basse, aussi basse et aussi nette que possible, il prononça : <