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Il fut pris d’un de ces accès de rêverie où il semblait ne plus rien entendre et ne plus rien voir. Mme Kesselbach, qui passait à ce moment, le salua sans qu’il répondît.

Mais un bruit de pas dans le couloir secoua sa torpeur.

— Enfin, c’est toi, Gourel ?…

— C’est bien ça, chef, dit Gourel, tout essoufflé. Ils étaient deux. Ils ont suivi ce chemin, et ils sont sortis par la place Dauphine. Une automobile les attendait. Il y avait dedans deux personnes, un homme vêtu de noir avec un chapeau mou rabattu sur les yeux…

— C’est lui, murmura M. Lenormand, c’est l’assassin, le complice de Ribeira-Parbury. Et l’autre personne ?

— Une femme, une femme sans chapeau, comme qui dirait une bonne… et jolie, paraît-il, rousse de cheveux.

— Hein ? quoi ! tu dis qu’elle était rousse ?

— Oui.

Monsieur Lenormand se retourna d’un élan, descendit l’escalier quatre à quatre, franchit les cours et déboucha sur le quai des Orfèvres.

— Halte ! cria-t-il.

Une Victoria à deux chevaux s’éloignait. C’était la voiture de Mme Kesselbach… Le cocher entendit et arrêta. Déjà M. Lenormand avait bondi sur le marchepied :

— Mille pardons, madame, votre aide m’est indispensable. Je vous demanderai la permission de vous accompagner… Mais il nous faut agir rapidement. Gourel, mon auto… Tu l’as renvoyée ?… Une autre alors, n’importe laquelle…