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“813”

— Misérable ! tu l’as laissé partir ! mais il fallait…

— Mon frère est sur sa piste.

— Belle avance ! il le sèmera, ton frère. Est-ce que vous êtes de force ?

Il prit lui-même la direction de l’auto et s’engagea résolument dans la ruelle, insouciant des ornières et des fourrés. Très vite, ils débouchèrent sur un chemin vicinal qui les conduisit à un carrefour où s’embranchaient cinq routes. Sans hésiter, M. Lenormand choisit la route de gauche, celle de Saint-Cucufa. De fait, au haut de la côte qui descend vers l’étang, ils dépassèrent l’autre frère Doudeville qui leur cria :

— Ils sont en voiture… à un kilomètre.

Le chef n’arrêta pas. Il lança l’auto dans la descente, brûla les virages, contourna l’étang et soudain jeta une exclamation de triomphe.

Au sommet d’une petite montée qui se dressait au-devant d’eux, il avait vu la capote d’une voiture.

Malheureusement, il s’était engagé sur une mauvaise route. Il dut faire machine en arrière.

Quand il fut revenu à l’embranchement, la voiture était encore là, arrêtée. Et, tout de suite, pendant qu’il virait, il aperçut une femme qui sautait de la voiture. Un homme apparut sur le marchepied. La femme allongea le bras. Deux détonations retentirent.

Elle avait mal visé sans doute, car une tête surgit de l’autre côté de la capote, et l’homme, avisant l’automobile, cingla d’un grand coup de fouet son cheval qui partit au galop. Et aussitôt un tournant cacha la voiture.

En quelques secondes, M. Lenormand acheva