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qu’il pouvait empêcher si aisément, mais qu’il ne voulait prévenir cependant qu’à la seconde suprême.

Un long, un très long silence. Subitement, il eut la vision, inexacte d’ailleurs, d’un bras qui se levait. Instinctivement il bougea, tendant la main au-dessus du dormeur. Dans son geste il heurta l’homme.

Un cri sourd. L’individu frappa dans le vide, se défendit au hasard, puis s’enfuit vers la fenêtre. Mais M. Lenormand avait bondi sur lui, et lui encerclait les épaules de ses deux bras.

Tout de suite, il le sentit qui cédait, et qui, plus faible, impuissant, se dérobait à la lutte et cherchait à glisser entre ses bras. De toutes ses forces il le plaqua contre lui, le ploya en deux et l’étendit à la renverse sur le parquet.

— Ah ! je te tiens… je te tiens, murmura-t-il, triomphant.

Et il éprouvait une singulière ivresse à emprisonner de son étreinte irrésistible ce criminel effrayant, ce monstre innommable. Il se sentait vivre et frémir, rageur et désespéré, leurs deux existences mêlées, leurs souffles confondus.

— Qui es-tu ? dit-il… qui es-tu ?… il faudra bien parler…

Et il serrait le corps de l’ennemi avec une énergie croissante, car il avait l’impression que ce corps diminuait entre ses bras, qu’il s’évanouissait. Il serra davantage… et davantage…

Et, soudain, il frissonna des pieds à la tête. Il avait senti, il sentait une toute petite piqûre à la gorge… Exaspéré, il serra encore plus :