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n’existe plus. Tu l’as supprimé, celui-là. Demain, sur les registres de l’état civil, en face de ce nom que tu portais, on inscrira la mention : « décédé » — et la date de ton décès.

— Mensonge ! balbutia le jeune homme terrifié, mensonge ! puisque me voilà, moi, Gérard Baupré !…

— Tu n’es pas Gérard Baupré, déclara Sernine.

Et désignant la porte ouverte :

— Gérard Baupré est là, dans la chambre voisine. Veux-tu le voir ? Il est suspendu au clou où tu l’as accroché. Sur la table se trouve la lettre par laquelle tu as signé sa mort. Tout cela est bien régulier, tout cela est définitif. Il n’y a plus à revenir sur ce fait irrévocable et brutal : Gérard Baupré n’existe plus !

Le jeune homme écoutait éperdument. Plus calme, maintenant que les faits prenaient une signification moins tragique, il commençait à comprendre.

— Et alors ? murmura-t-il.

— Et alors, causons…

— Oui… oui… causons…

— Une cigarette ? dit le prince… Tu acceptes ? Ah ! je vois que tu te rattaches à la vie. Tant mieux, nous nous entendrons, et cela rapidement.

Il alluma la cigarette du jeune homme, la sienne, et, tout de suite, en quelques mots, d’une voix sèche, il s’expliqua :

— Feu Gérard Baupré, tu étais las de vivre, malade, sans argent, sans espoir… Veux-tu être bien portant, riche, puissant ?

— Je ne saisis pas.