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“813”

La défaillance, cette fois, ne fut pas longue.

Timidement, Gérard entrouvrit les paupières et leva les yeux vers le plafond. La vision était finie.

Mais la disposition des meubles, l’emplacement de la table et de la cheminée, certains détails encore, tout le surprenait – et puis le souvenir de son acte, la douleur qu’il ressentait à la gorge…

Il dit au prince :

— J’ai fait un rêve, n’est-ce pas ?

— Non.

— Comment, non ?…

Et soudain, se rappelant :

— Ah ! c’est vrai, je me souviens… j’ai voulu mourir… et même…

Il se pencha anxieusement :

— Mais le reste ? la vision ?…

— Quelle vision ?

— L’homme… la corde… cela, c’est un rêve ?…

— Non, affirma Sernine, cela aussi, c’est la réalité…

— Que dites-vous ? que dites-vous ?… oh ! non… non… je vous en prie… éveillez-moi si je dors… ou bien que je meure !… Mais je suis mort, n’est-ce pas ? et c’est le cauchemar d’un cadavre… Ah ! je sens ma raison qui s’en va… Je vous en prie…

Sernine posa doucement sa main sur les cheveux du jeune homme, et s’inclinant vers lui :

— Écoute-moi… écoute-moi bien, et comprends. Tu es vivant. Ta substance et ta pensée sont identiques et vivent. Mais Gérard Baupré est mort. Tu me comprends, n’est-ce pas ? L’être social qui avait nom Gérard Baupré,