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lemment, ainsi qu’un dormeur sous l’influence d’un cauchemar.

Il porta ses mains à sa gorge comme s’il éprouvait une douleur, et ce geste le dressa d’un coup, terrifié, pantelant…

Alors, il aperçut, en face de lui, Sernine.

— Vous ! murmura-t-il sans comprendre… Vous !…

Il le contemplait d’un regard stupide, comme il eût contemplé un fantôme.

De nouveau il toucha sa gorge, palpa son cou, sa nuque. Et soudain il eut un cri rauque, une folie d’épouvante agrandit ses yeux, hérissa le poil de son crâne, le secoua tout entier comme une feuille ! Le prince s’était effacé, et il avait vu, il voyait au bout de la corde, le pendu !

Il recula jusqu’au mur. Cet homme, ce pendu, c’était lui ! c’était lui-même. Il était mort, et il se voyait mort ! Rêve atroce qui suit le trépas ?… Hallucination de ceux qui ne sont plus, et dont le cerveau bouleversé palpite encore d’un reste de vie ?…

Ses bras battirent l’air. Un moment il parut se défendre contre l’ignoble vision. Puis, exténué, vaincu une seconde fois, il s’évanouit.

— À merveille, ricana le prince… Nature sensible… impressionnable… Actuellement, le cerveau est désorbité… Allons, l’instant est propice… Mais si je n’enlève pas l’affaire en vingt minutes… il m’échappe…

Il poussa la porte qui séparait les deux mansardes, revint vers le lit, enleva le jeune homme, et le transporta sur le lit de l’autre pièce.

Puis il lui bassina les tempes avec de l’eau fraîche et lui fit respirer des sels.