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“813”

— Parfait, ce n’est pas plus difficile que cela, une substitution de cadavres. Maintenant vous pouvez vous retirer tous. Toi, Docteur, tu repasseras ici demain matin, tu apprendras le suicide du sieur Gérard Baupré, tu entends, de Gérard Baupré — voici sa lettre d’adieu — tu feras appeler le médecin légiste et le commissaire, tu t’arrangeras pour que ni l’un ni l’autre ne constatent que le défunt a un doigt coupé et une cicatrice à la joue…

— Facile.

— Et tu feras en sorte que le procès-verbal soit écrit aussitôt et sous ta dictée.

— Facile.

— Enfin, évite l’envoi à la Morgue et qu’on donne le permis d’inhumer séance tenante.

— Moins facile.

— Essaye. Tu as examiné celui-là ?

Il désignait le jeune homme qui gisait inerte sur le lit.

— Oui, affirma le Docteur. La respiration redevient normale. Mais on risquait gros… la carotide eût pu…

— Qui ne risque rien… Dans combien de temps reprendra-t-il connaissance ?

— D’ici quelques minutes.

— Bien. Ah ! ne pars pas encore. Docteur. Reste en bas. Ton rôle n’est pas fini ce soir.

Demeuré seul, le prince alluma une cigarette et fuma tranquillement, en lançant vers le plafond de petits anneaux de fumée bleue.

Un soupir le tira de sa rêverie. Il s’approcha du lit. Le jeune homme commençait à s’agiter, et sa poitrine se soulevait et s’abaissait vio-