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“813”

vais destin l’avait acculé, l’affreux papier des murs, le lit misérable.

Sur la table, pas un livre : tout avait été vendu. Pas une photographie, pas une enveloppe de lettre : il n’avait plus ni père, ni mère, plus de famille… Qu’est-ce qui le rattachait à l’existence ?

D’un mouvement brusque, il engagea sa tête dans le nœud coulant et tira sur la corde jusqu’à ce que le nœud lui serrât bien le cou.

Et, des deux pieds renversant la chaise, il sauta dans le vide.

V

Dix secondes, vingt secondes s’écoulèrent, vingt secondes formidables, éternelles…

Le corps avait eu deux ou trois convulsions. Les jambes avaient instinctivement cherché un point d’appui. Plus rien maintenant ne bougeait…

Quelques secondes encore… La petite porte vitrée s’ouvrit.

Sernine entra.

Sans la moindre hâte, il saisit la feuille de papier où le jeune homme avait apposé sa signature et il lut :

Las de la vie, malade, sans argent, sans espoir, je me tue. Qu’on n’accuse personne de ma mort.

30 avril. — Gérard Baupré.

Il remit la feuille sur la table, bien en vue,