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“813”

— Tu vas lui parler !

— Eh bien ! c’est donc un crime ?

— Et qu’est-ce que tu as à lui dire ?

— Un secret… un secret très grave… très émouvant…

La vieille dame s’effara :

— Et qui lui fera de la peine, peut-être ? Oh ! je crains tout… je crains tout pour elle…

— La voilà, dit-il.

— Non, pas encore.

— Si, si je l’entends… essuie tes yeux et sois raisonnable…

— Écoute, fit-elle vivement, écoute, je ne sais pas quels sont les mots que tu vas prononcer, quel secret tu vas révéler à cette enfant que tu ne connais pas… Mais, moi qui la connais, je te dis ceci : Geneviève est une nature vaillante, forte, mais très sensible. Fais attention à tes paroles… Tu pourrais blesser en elle des sentiments… qu’il ne t’est pas possible de soupçonner…

— Et pourquoi, mon Dieu ?

— Parce qu’elle est d’une race différente de la tienne, d’un autre monde… je parle d’un autre monde moral… Il y a des choses qu’il t’est défendu de comprendre maintenant. Entre vous deux, l’obstacle est infranchissable… Geneviève a la conscience la plus pure et la plus haute… et toi…

— Et moi ?

— Et toi, tu n’es pas un honnête homme.