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Le prince et Mme Ernemont restèrent seuls.

La vieille dame avait une figure pâle et triste, sous ses cheveux blancs dont les bandeaux se terminaient par deux anglaises. Trop forte, de marche lourde, elle avait, malgré son apparence et ses vêtements de dame, quelque chose d’un peu vulgaire, mais les yeux étaient infiniment bons.

Tandis qu’elle mettait un peu d’ordre sur la table, tout en continuant à dire son inquiétude, le prince Sernine s’approcha d’elle, lui saisit la tête entre les deux mains et l’embrassa sur les deux joues.

— Eh bien, la vieille, comment vas-tu ?

Elle demeura stupide, les yeux hagards, la bouche ouverte.

Le prince l’embrassa de nouveau en riant.

Elle bredouilla :

— Toi ! c’est toi ! Ah ! Jésus-Marie… Jésus-Marie… Est-ce possible !… Jésus-Marie !…

— Ma bonne Victoire !

— Ne m’appelle pas ainsi s’écria-t-elle en frissonnant. Victoire est morte… Ta vieille nourrice n’existe plus[1]. J’appartiens tout entière à Geneviève…

Elle dit encore à voix basse :

— Ah ! Jésus… j’avais bien lu ton nom dans les journaux… Alors, c’est vrai, tu recommences ta mauvaise vie ?

— Comme tu vois.

— Tu m’avais pourtant juré que c’était fini,

  1. Arsène Lupin. Pièce en quatre actes. Un volume, 3 fr. 50. L’Aiguille creuse, roman. Un volume, 3 fr. 50. Pierre Laffite et Cie, éditeurs.