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— C’est là que demeure Mme Kesselbach, se dit le prince en voyant de loin les toits de la maison et des quatre pavillons.

Cependant, il traversait le parc et se dirigeait vers l’étang.

Soudain il s’arrêta derrière un groupe d’arbres. Il avait aperçu deux dames accoudées au parapet du pont qui franchit l’étang.

— Varnier et ses hommes doivent être dans les environs. Mais, fichtre, ils se cachent rudement bien. J’ai beau chercher… 

Les deux dames foulaient maintenant l’herbe des pelouses, sous les grands arbres vénérables. Le bleu du ciel apparaissait entre les branches que berçait une brise calme, et il flottait dans l’air des odeurs de printemps et de jeune verdure.

Sur les pentes de gazon qui descendaient vers l’eau immobile, les marguerites, les pommeroles, les violettes, les narcisses, le muguet, toutes les petites fleurs d’avril et de mai se groupaient et formaient çà et là comme des constellations de toutes les couleurs. Le soleil se penchait à l’horizon.

Et tout à coup trois hommes surgirent d’un bosquet et vinrent à la rencontre des promeneuses.

Ils les abordèrent.

Il y eut quelques paroles échangées. Les deux dames donnaient des signes visibles de frayeur. L’un des hommes s’avança vers la plus petite et voulut saisir la bourse en or qu’elle tenait à la main.

Elles poussèrent des cris, et les trois hommes se jetèrent sur elles.