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Il pleurait doucement et murmurait :

— Oh ! la santé, unique bien de l’homme !

Le reste, argent, succès, amour, n’est que du superflu. La santé, c’est à la fois le nécessaire et le luxe indispensable.

Quand on l’a, on a tout ; la vie est admirable, et le bonheur est la chose du monde la plus facile à conquérir, puisqu’il réside à portée de notre main, puisqu’il n’est autre, au fond, que la santé.

Quelqu’un nous interrompit. C’était un gamin loqueteux, hâve et chétif, décharné comme un cadavre et qui s’aidait de deux cannes pour marcher.

— Un mendiant ? dis-je à Daniel.

— Non, répondit-il avec un ricanement qui me déchira, non, un sportsman de mes amis. J’ai trié sur le volet quelques gaillards de cette espèce et nous avons un club d’intrépides qui ne manque pas d’un certain pittoresque. Celui-ci est notre champion de lutte, section des poids lourds, n’est-ce pas, mon vieux Pons ?

Maurice LEBLANC.