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NOTE.

que tout ensemble parfait est non dénombrable ou, d’une façon plus précise, a la puissance du continu. Ceci est évident s’il s’agit d’un ensemble contenant un intervalle ; supposons donc que soit un ensemble parfait partout non dense, dont nous désignons par et les points extrêmes. Or nous avons associé (p. 13) à un tel ensemble une fonction continue, constante dans tout intervalle contigu à , croissante dans tout intervalle contenant des points de et qui varie de 0 à 1 quand varie de à . L’équation admet pour chaque valeur de comprise entre 0 et 1 soit une seule solution , est alors l’abscisse d’un point de , soit une infinité de solutions données par une double inégalité , alors et sont les abscisses des deux extrémités d’un intervalle contigu à . Ainsi à chaque valeur de (0, 1), nous faisons correspondre soit un point de , soit deux points et de  ; a donc la puissance du continu.

Notons aussi que le raisonnement de la page 323 prouve que : toute suite d’ensembles fermés tous différents, tels que chacun d’eux contienne ceux qui viennent après lui dans la suite, est nécessairement finie ou dénombrable.


IV. — Une notation des nombres transfinis nous est-elle nécessaire ?

Dans le cours de ce livre, nous faisons plusieurs fois appel à la notion de nombre transfini ; il importe donc d’éclaircir cette notion et d’amener, si possible, le lecteur à cette conviction qu’il lui suffirait de se familiariser avec la suite des nombres transfinis en l’utilisant fréquemment pour acquérir de cette suite une vue aussi claire que celle qu’il a de la suite des entiers[1].

Quand on entend parler pour la première fois de la suite , des nombres finis et transfinis, on croit volontiers que tout deviendrait net, si l’on avait une notation des nombres transfinis. Or il est clair qu’on n’en saurait avoir une : nous ne pouvons manier qu’un nombre fini de symboles ou de sons et les combiner seulement d’un nombre fini de manières, ce qui

    des points communs à tous ces dérivés. Cet ensemble est une sorte de dérivé venant après tous ceux, relatifs aux nombres transfinis de , le symbole est, pour Cantor, le premier nombre transfini de la seconde classe de nombres transfinis ; il vient après tous les éléments de .

    Nous avons évité, au contraire, de raisonner sur l’ensemble conçu comme actuellement formé tout entier ; nous n’avons raisonné que sur le procédé de formation de et sur l’un quelconque des segments de obtenus au cours de l’application de ce procédé. De cette manière, nous n’utilisons à aucun moment un ensemble bien ordonné non dénombrable.

  1. Mon but est ainsi nettement délimité ; je n’aborderai donc pas les questions, plus philosophiques que mathématiques, que pose la conception de la suite des entiers. Cette notion est considérée par moi comme acquise et parfaitement claire.