Page:Lebesgue - Leçons sur l'intégration et la recherche des fonctions primitives, 1928.djvu/332

Cette page a été validée par deux contributeurs.
316
NOTE.

des dérivés en nombre fini ou dénombrable, s’ils contiennent tous des points et s’ils sont différents deux à deux il existe des points qui leur sont communs à tous.

En effet, rangeons , , … en une suite finie ou simplement infinie, soit , , … cette suite. Nous pourrons comparer deux ensembles , à deux points de vue : soit en tant que dérivés, c’est-à-dire en considérant les indices supérieurs , , et nous emploierons alors les mots avant, et après pour énoncer les résultats de cette comparaison ; soit en tant que termes de la suite , , …, c’est-à-dire en considérant les indices inférieurs , , et nous emploierons alors les mots devant et derrière. Barrons dans les termes qui sont à la fois avant et derrière  ; nous obtenons , , , … Dans cette suite, barrons les termes qui sont à la fois avant et derrière , etc. Nous obtenons finalement une suite , , , … pour laquelle il y a accord entre les mots avant et devant, entre les mots après et derrière ; il en résulte que chacun des ensembles de cette suite contient tous ceux qui sont derrière lui et comme ces ensembles sont fermés il y a un ensemble fermé de points communs à tous les ensembles de . Tout point de cet ensemble est évidemment commun à tous les ensembles de et inversement puisque tout ensemble de fait partie de ou vient avant un ensemble de  ; pour la même raison ne serait pas changé si nous remplacions la suite par toute autre suite formée de dérivés de et telle que tout terme de l’une de ces suites appartienne à l’autre, ou soit avant un ensemble de cet autre.

À cause de ces faits, et par analogie avec la définition de , nous énonçons la proposition et la définition suivante :

III. Lorsque des dérivés d’un ensemble, en nombre fini ou dénombrable, contiennent tous des points, il existe des points communs à tous ces dérivés. L’ensemble de ces points, qui est évidemment fermé, est, par définition, le premier dérivé qui ne vient pas avant ceux donnés[1].

Pour que cette définition soit acceptable il faut que, si dans la suite il y avait un ensemble venant après tous les autres, ce soit à celui-ci que nous conduise notre définition. Or, il en est bien ainsi, car , venant après les autres, est contenu dans les autres, et il constitue donc bien l’ensemble des points communs à tous les ensembles de . Dans le cas que nous examinons en ce moment, la suite est limitée et inversement ; est le dernier terme de . Dans les autres cas, le dérivé défini est dit le premier dérivé venant après les dérivés donnés.

Par définition même, avant chaque dérivé il y a au plus une infinité dénombrable de dérivés.

  1. Le raisonnement qui nous a servi donne un résultat général qui s’énonce, à l’aide d’une notion définie dans le paragraphe suivant, sous la forme : Un ensemble bien ordonné dénombrable d’ensembles fermés, tels que chacun d’eux contienne tous ceux qui le suivent, étant donné ; il y a des points communs à tous ces ensembles et ces points forment un ensemble fermé.