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CHAPITRE XI.

élémentaires et immédiats, qui restent sans solution ; on va le voir.

Le cas où est à variation bornée est, d’après ce qui a été expliqué, le seul sans doute qui ait un intérêt physique. Mais au point de vue mathématique, il n’y a aucune raison pour ne considérer la dérivation d’une fonction par rapport à une fonction que dans l’hypothèse où est à variation bornée.

Or, si l’on abandonne cette hypothèse, à peu près aucune de nos conclusions ne subsiste. Montrons, par exemple, que si est à variation non bornée, il existe des fonctions continues qui n’ont pas d’intégrale de Stieltjès par rapport à , c’est-à-dire pour lesquelles les sommes ne tendent vers aucune limite déterminée et finie, quand on fait varier le choix des et des de façon que le maximum de tende vers zéro.

En effet, étant à variation non bornée, on peut (p. 57), trouver une suite ordonnée de points tels que la série

soit divergente. Alors on peut trouver une suite de nombres tendant vers zéro et tels que la série

soit divergente et à termes positifs.

Supposons, pour fixer les idées, que les points se succèdent dans l’ordre

 ;

étant la limite des . Prenons pour une fonction continue, nulle de à , de à et aux points et atteignant la valeur dans .

Je dis que, quel que soit le maximum imposé à la longueur des intervalles de subdivision de , on peut choisir ces intervalles et les points de façon que la somme correspondante surpasse toute limite assignée.

Soit la valeur de l’indice à partir de laquelle reste inférieur à . Divisons arbitrairement en intervalles de longueur au plus et choisissons dans chacun d’eux un point  ;