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LA TOTALISATION.

Voici donc construites deux totales indéfinies qui ont une dérivée approximative finie en tout point et pour lesquelles on a cependant, en tout point de l’ensemble parfait de mesure non nulle ,

Ainsi on ne peut énoncer les relations entre fonction totalisée et totale indéfinie en n’employant que la dérivation ordinaire prise sur un intervalle ; il est indispensable de recourir à une généralisation de la dérivée : dérivée prise sur un ensemble ou dérivée approximative. Par suite aussi la généralisation de cet énoncé : toute fonction absolument continue a une dérivée presque partout, laquelle s’énonce : toute fonction résoluble a une dérivée approximative presque partout ne peut être remplacée par une proposition relative à l’existence de la dérivée ordinaire[1].

Nous obtiendrons cependant des renseignements concernant la dérivation ordinaire en appliquant simultanément les théorèmes obtenus à plusieurs nombres dérivés, c’est-à-dire en opérant comme nous l’avons fait au Chapitre IX avec les théorèmes relatifs à l’intégration.

Deux nombres dérivés d’une même fonction, et par exemple, sont égaux presque partout dans l’ensemble des points où ils sont simultanément finis. En effet, nous savons d’une part que admet presque partout sur cet ensemble une dérivée approximative égale à , et d’autre part que cette dérivée approximative est presque partout égale à .

En particulier, une fonction continue a une dérivée presque partout dans l’ensemble des points où ses quatre nombres dérivés sont finis[2].

Une fonction continue a son nombre dérivé presque partout fini dans l’ensemble des points où est fini.

  1. Il existe un mode de totalisation, appelé par M. Denjoy la totalisation complète, qui a été étudié par M. Denjoy et par M. Lusin, avec lequel, au contraire, tous les théorèmes considérés dans le texte se généralisent aux totales indéfinies sans faire appel à une autre dérivation que la dérivation ordinaire.
  2. P. Montel, Comptes rendus, 1912.