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supérieure et inférieure en un point ; en particulier, si pour l’un des nombres dérivés ces deux limites sont égales, il en est de même pour les autres, ce qui s’énonce : Si en un point l’un des nombres dérivés est continu, il en est de même des trois autres nombres dérivés et de plus la fonction admet une dérivée pour .

Voici une autre conséquence évidente : si les quatre nombres dérivés sont bornés, ils admettent la même intégrale supérieure et la même intégrale inférieure ; si l’un d’eux est intégrable, tous le sont et ils ont même intégrale.

Dans le cas des dérivées le théorème de Rolle[1] est un cas particulier du théorème des accroissements finis ; dans le cas des nombres dérivés le théorème analogue au théorème de Rolle peut s’énoncer ainsi : Si la fonction continue s’annule pour et , les limites des nombres dérivés dans sont, ou toutes deux nulles, ou toutes deux différentes de zéro et de signes contraires.

Cet énoncé se justifie en remarquant que si n’est pas constant, prend des valeurs positives et des valeurs négatives.

On peut aussi dire : si la fonction continue , non constante dans , s’annule pour et , il existe des points de pour lesquels les deux nombres dérivés à droite (ou à gauche) sont positifs et non nuls et d’autres points où ils sont négatifs et non nuls.

La réciproque peut s’énoncer sous la forme suivante : si l’on sait que les deux nombres dérivés à droite (ou à gauche) de ne sont jamais tous deux de même signe, est une constante[2].

Parmi les fonctions continues il faut remarquer les fonctions à nombres dérivés bornés qui possèdent beaucoup des propriétés des fonctions dérivables. Cette classe de fonctions comprend les

  1. Ce théorème s’énonce ainsi :

    Si une fonction continue s’annule pour et , et admet pour les points intérieurs à une dérivée déterminée de grandeur et de signe, finie ou non, cette dérivée s’annule dans .

  2. Cette propriété correspond à la suivante : Si la dérivée d’une fonction continue est nulle quel que soit dans , la fonction est constante.