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S’il n’en était pas ainsi, les points où l’un, convenablement choisi, des quatre nombres dérivés de serait infini, formeraient un ensemble de mesure non nulle. On pourrait alors reprendre le raisonnement des pages 121 et 122 pour évaluer à l’aide de ce nombre dérivé , mais parmi les figurerait l’un des nombres , , et l’on aurait les ensembles , , l’un d’eux étant de mesure non nulle[1]. L’intervalle que l’on attacherait au point de serait le plus grand intervalle de longueur au plus égale à , contenu dans celui des contenant et tel que l’on ait

,

étant choisi arbitrairement. La chaîne d’intervalle correspondante donnera une valeur approchée de la variation totale qu’on pourra faire croître indéfiniment avec et si est de mesure non nulle et si l’on a pris

 ;

ceci est contraire à l’hypothèse, est de mesure nulle.

Or, par hypothèse, est variation bornée, donc est nul pour un ensemble de valeurs de de mesure nulle. existe donc et est finie sauf pour un ensemble de valeurs de de mesure nulle. Mais aux valeurs de , formant un intervalle , correspondent des valeurs de formant un intervalle au plus égal à  ; si l’on enferme les valeurs de d’un ensemble dans des intervalles de longueur totale , les valeurs correspondantes de forment un ensemble qu’on peut enfermer dans les intervalles correspondants de longueur totale au plus égal à . À un ensemble de valeurs de de mesure nulle correspond donc un ensemble de valeurs de de mesure nulle.

Il est ainsi démontré que toute fonction à variation bornée a une dérivée finie sauf pour les valeurs de d’un ensemble de mesure nulle. Le raisonnement de la page 122, tel qu’il vient d’être complété, montre même que cette dérivée

  1. Les notations sont celles indiquées à la page 121.