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cette fonction pour dérivée sauf aux points d’un ensemble de mesure nulle[1].

Si l’on rapproche cet énoncé de la définition proposée à la page 94, on reconnaît que cette définition est exactement équivalente pour les fonctions bornées à celle étudiée dans ce Chapitre. L’intégration des fonctions sommables bornées est donc, en un certain sens, l’opération inverse de la dérivation.


VII. — La rectification des courbes.

Soit une courbe rectifiable

définie dans par les fonctions à nombres dérivés bornés. Ces fonctions admettent toutes trois à la fois des dérivées, sauf pour un ensemble de valeurs de de mesure nulle, , et soit le complémentaire de . Nous allons démontrer que la longueur de la courbe est

.

Remarquons d’abord que, dans un intervalle , l’arc croît au plus de si les nombres dérivés de sont inférieurs en valeur absolue à . Donc on peut enfermer les points de dans des intervalles dont la contribution dans est inférieure à et dont la contribution dans l’intégrale est aussi inférieure à .

Ceci posé, partageons l’intervalle fini de variation de

à l’aide de nombres tels soit inférieur à . étant l’ensemble nous pouvons enfermer dans des

  1. On pourrait déduire de ce résultat la possibilité d’intégrer par partie. Le raisonnement qui vient d’être employé conduit à une autre propriété :

    Toute fonction mesurable est continue, sauf aux points d’un ensemble de mesure nulle, quand on néglige les ensembles de mesure , si petit que soit .

    Voir Borel, Comptes rendus, 7 décembre 1903 ; Lebesgue, Comptes rendus, 28 décembre 1903.