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En vain marchent de pair et cabalent ensemble,
Ils trompent quelquefois nos regards indulgents,
Mais l’erreur passe vite et les goûts sont changeants.
L*** aujourd’hui se fait à peine lire ;
Il a beau nous vanter son génie et sa lyre ;
Il a beau conspuer la Bible dans ses vers,
Le public, juste enfin, les abandonne aux vers.
Inhumés par les soins d’une saine critique,
Ses livres vont dormir au fond d’une boutique.
Hélas ! bien des auteurs comme lui boursouflés,
Ne vivent un moment que pour être sifflés ;
On court après la gloire, et la gloire infidèle,
Quand on croit l’attraper, s’envole à tire d’aile :
On veut monter bien haut, mais on roule bien bas ;
La montagne est glissante, et le bruit des faux pas,
Réveillant chaque jour les échos du Parnasse,
Avertit les Cotins du sort qui les menace ;
Ils tombent l’un sur l’autre, et les sifflets railleurs
Vous répètent sans cesse : avis aux rimailleurs.


Malgré soi, il faut reconnaître dans ces vers un sentiment et une force qui révélaient un maître. On respire déjà le parfum sobre et délicat dont la Muse inonde les âmes qu’elle appelle à chanter. On sent que la poésie d’Hégésippe Moreau sera raison mélodieuse, comme veut son siècle. Il par-