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de vue purement égoïste, ceci est vrai, parce que la valeur du bois de construction augmente rapidement, les propriétaires de ces bois ne sont pas disposés à rester en repos et à permettre la destruction de leurs propriétés par les incendies sans prendre quelques moyens pour les prévenir. La reddition de plusieurs jugements, obligeant des compagnies de chemin de fer à débourser de grandes sommes d’argent pour dommages causés par les locomotives, a mis en lumière ce point spécial de la situation. L’intérêt seul de l’argent payé ainsi solderait les frais d’entretien d’une protection efficace sur des centaines de milles de lignes de chemin de fer.

Quant au point de vue de la longueur du temps, cet arrangement a une force encore plus grande, puisque les incendies des forêts ont pour effet de réduire le transport des voyageurs et des marchandises, et aussi d’augmenter le prix des traverses et d’autres produits du bois, que les compagnies de chemin de fer doivent acheter pour leur usage. Les lignes de chemins de fer qui sillonnent l’Ouest de l’Ontario nous fournissent un exemple frappant quant à ce qui concerne le dernier point ; en cette région, à la suite d’incendies répétés, les arbres dont on faisait des traverses de chemin de fer, sont devenus si rares, qu’il faut faire venir chaque année de grandes quantités de ces traverses d’autres endroits, à des prix très élevés. Les employés de chemin de fer les plus clairvoyants se réalisent pleinement la gravité de la situation. C’est pourquoi nous avons constaté que la plupart des hommes qui ont assisté à nos conférences ont exprimé le désir de coopérer avec nous pour améliorer cet état de choses.

Lorsqu’il s’est agi de mettre à l’étude les différentes mesures à prendre, celles relatives à la protection contre les incendies ont occupé la première place ; mais on a considéré aussi les dispositions à prendre pour maîtriser l’incendie une fois allumé. Bien que l’on ait reconnu que les locomotives sont la source principale des incendies allumés le long des lignes de chemin de fer, elles n’en sont pas cependant la seule cause, puisque ces incendies peuvent être attribués souvent aux personnes qui marchent le long de l’emplacement de la voie et aussi aux cigares et cigarettes allumés et jetés en dehors des trains.

Patrouilles. — En vertu des règlements 11 et 12, des patrouilles spéciales sont requises dans les parties de forêt où les dangers d’incendie sont suffisamment grands pour exiger une telle action. Dans les endroits où les pentes et le trafic sont conformes aux conditions ordinaires, chaque homme chargé de faire la patrouille doit être pourvu d’une bicyclette (hand-speeder). Dans les lieux où les dangers d’incendie sont grands, chaque homme est tenu de faire deux tournées par jour, chacune d’elle couvre une distance de 6 à 15 milles de voie ferrée, selon