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On a avancé diverses théories, qui n’appartiennent pas à ce sujet, en vue d’expliquer, pour quelle raison, les forêts du versant du Pacifique renferment plus de conifères ou d’arbres toujours verts que de bois durs ou feuillus. Toutefois, une de ces théories touche à un point vital. Elle attribue cet effet à la différence de distribution des pluies, dans l’Est et l’Ouest, entre l’été, ou saison de la croissance, et l’hiver, saison du repos. Dans l’Est, la distribution est très égale, de sorte que, avec une moindre chute totale annuelle, une plus grande partie tombe au cours de l’été, et favorise ainsi la croissance des arbres feuillus. Dans l’Ouest, la somme totale de pluie annuelle est plus grande, mais elle tombe presque toute en hiver, saison du repos, et favorise ainsi les arbres toujours verts.

On se demande donc si la Colombie-Britannique sera capable de produire les bois durs. Au nombre des réponses affirmatives on peut citer les suivantes :

(1) Ce pays produit déjà les bois durs tels que le chêne, l’érable, le peuplier, l’arbousier, etc.

(2) La saison de la croissance est plus longue et, au moins dans les altitudes inférieures, le climat est plus doux et plus uniforme.

(3) Les bois durs exotiques, plantés comme arbres d’ornement, réussissent parfaitement.

(4) Dans la plantation forestière, les bois durs seront protégés contre la concurrence dangereuse des arbres toujours verts.

Nous ne possédons pas de données sur la plantation des bois durs en Colombie-Britannique, ni sur celles des bois mous. Cependant des plantations d’une espèce a été faite à certains endroits, notamment, à la ferme expérimentale du Dominion à Agassiz et à Sidney, et au parc Stadacona, à Victoria.

La plantation d’Agassiz est de beaucoup la plus intéressante et la plus importante ; elle a été effectuée sur deux parcelles séparées ; les sujets ont été fournis, pour la plupart, par la ferme expérimentale d’Ottawa, et aussi par les pépinières de l’est des États-Unis, sous forme de noyaux et de jeunes arbres de deux ans. Cependant on n’a pas gardé un mémoire de leur origine.

La première et la plus grande de ces plantations est une ceinture-abri, plantée il y a 23 ans, avec des sujets de 2 ans, dans un terrain uni, sur presque toute la largeur de la ferme, à partir du grand chemin jusqu’au pied d’une colline abrupte où s’arrête la ferme. Ces arbres sont alignés sur cinq rangs espacés de 10 x 10 pieds. Le sol est un mélange de sable et d’argile reposant sur un lit de gravier, qui perce à certains