Page:Leavitt - Protection des forêts au Canada, 1912.djvu/130

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Effet sur le Reste de l’Ancienne Forêt

Les considérations déjà discutées quant à l’intensité relative des incendies dans les houppes ébranchées et dans celles non ébranchées sont aussi les facteurs qui gouvernent ici. Il se peut qu’un incendie, qui éclate dans une coupe où les houppes ont été ébranchées, pendant les deux ou trois années qui suivent la coupe du bois d’œuvre, détruise plus des anciens arbres restés sur pied qu’un feu de houppes non ébranchées. En ce cas, l’intensité de l’incendie dépendra du plus ou moins de branches empilées près de ces arbres. Toutefois, on croit qu’il n’y aura pas grande différence dans une exploitation de bois à pâte, puisque l’on enlève de 75 à 90 pour cent des branches, et un incendie en ces coupes sera assez intense pour détruire tout ce qui restera d’arbres sur pied près des piles, indépendamment des 10 à 25 pour cent des têtes qui restent, ébranchées ou non. D’un autre côté, après les trois premières années, le danger d’incendie, provenant des houppes ébranchées, est de beaucoup moindre, par suite de la décomposition et de plus d’humidité, lorsque les débris sont répandus sur le sol ou empilés. Après 7 ou 8 ans, le danger aura presque totalement disparu, si les houppes ont été ébranchées, mais il sera encore très sérieux si ces têtes ont été laissées avec leurs branches. Le pourcentage des branches restées, saines, lorsque les houppes auront été ébranchées, sera quantité si négligeable que le danger de ce côté ne sera pas sérieux, et que, advenant un incendie, il pourra être éteint facilement.


Effet sur le Coût des Exploitations

Les objections réellement fondamentales que les exploitants de bois opposent à la loi de l’ébranchage des houppes sont : les frais additionnels, le désagrément des inspections que font les officiers de l’État, et le dérangement des méthodes de la manipulation du bois. Ces hommes soutiennent que les bons résultats qui en découlent ne valent pas les dépenses qu’ils entraînent. Tel qu’on l’a dit plus haut, quelques exploitants prétendent que l’ébranchage des houppes est une perte, et que, s’ils en avaient la liberté, ils préféreraient payer à l’État ces frais additionnels et être libérés de l’obligation de cet ébranchage. D’autres allèguent que le même montant d’argent serait dépensé plus utilement de quelque autre manière, par exemple en patrouilles. L’essence du problème consiste alors à savoir si les bénéfices de l’ébranchage des houppes valent les dépenses.


Estimation des Dépenses

Les calculs des exploitants varient grandement à ce sujet ; ils vont de 5 à 50 cents par corde. Les conditions sont aussi considérablement différentes, de sorte que nul calcul exact ne saurait être fait, il faut se tenir aux approximations.