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Il est vrai que dans les taillis serrés les branchages peuvent former une couche si épaisse que la végétation éprouvera de la difficulté, mais, en pareils cas, il suffira de brûler au moins les plus grandes piles plutôt que de négliger l’ébranchage des houppes. Comme on l’a dit précédemment, la différence est trop peu sensible, dans une exploitation de bois à pâte pour se faire sentir sur la végétation. Cette différence sera beaucoup plus accentuée dans l’exploitation du bois d’œuvre, mais encore ici l’extrême danger d’incendie, par suite des houppes non ébranchées, défend l’abandon de l’ébranchage de ces têtes.

On a allégué que l’ébranchage des houppes a pour résultat d’augmenter l’intensité des incendies, et, en conséquence, de détruire une plus grande quantité de la nouvelle reproduction. Ceci est peut-être vrai pendant les deux ou trois premières années, mais c’est le contraire qui aura lieu, passé ce temps ; en tous cas, la différence ne saurait être sensible sur la reproduction, puisque les incendies de surface, même les plus légers, détruisent toutes les jeunes pousses.

C’est un fait que les plantes d’épinettes prennent naissance le plus souvent autour des vieux troncs. Quelquefois on a trouvé des rangs de jeunes épinettes, dont la semence avait germé sur le haut de troncs en décomposition ; une fois ceux-ci disparus les racines atteignent le sol et ainsi les jeunes arbres s’établissent sur une base permanente. À ce point de vue on peut avancer que l’ébranchage des houppes facilite la reproduction naturelle, puisque les troncs ébranchés se décomposeront et formeront une couche favorable à la germination des graines d’épinettes, beaucoup plus rapidement que si les houppes n’avaient pas été ébranchées. Au contraire, les troncs des houppes non ébranchées resteront suspendus en l’air pendant plusieurs années, jusqu’à ce que les branches inférieures soient assez pourries pour que le tronc tombe à terre, où il se décompose rapidement et forme une couche de mousse.

On ne saurait donner trop d’attention à la reproduction, puisque, à la longue, la mise à l’épreuve de tout système d’administration forestière consiste à savoir en combien de temps il est possible de reconstituer une nouvelle forêt sur les régions déboisées. Il ne faut pas toutefois perdre de vue que le point fondamental à cette fin est la protection contre l’incendie. Si cette protection n’est pas assurée, toutes les autres mesures relatives à la reconstitution de la forêt seront inutiles. La perpétuation de la forêt par un usage éclairé révèle l’habileté du forestier pratique sur l’ancien bûcheron.


Effet sur le Sol. — L’effet de l’incendie sur le sol est d’une importance particulière, par suite de son influence sur le reboisement de la forêt. Les incendies du sol des Adirondacks ont eu pour résultat, soit un change-