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Intensité des Incendies. — On a allégué que les incendies des houppes ébranchées produit une chaleur plus intense, vu qu’il y a plus de matériaux empilés, et qu’en conséquence ils sont plus difficiles à éteindre. Cette allégation est supportée par le fait qu’un homme, qui veut faire cuire quelque chose ou se chauffer, entasse les matières inflammables au lieu de les éparpiller. Ceci est naturellement vrai, mais, d’un autre côté, celui qui prépare ainsi les matériaux de son feu ne les prend pas dans des piles de branches, mais détache quelques branches sèches du bas d’un arbre debout, ou d’autres qui sont dans les mêmes conditions que les branches des houppes non ébranchées. On se sert même de pareils matériaux pour faire du feu en temps de pluie, car l’intérieur est toujours sec, vu leur exposition à l’air et au soleil. Il est également vrai de dire que si l’on prépare un bûcher et qu’on le laisse ainsi longtemps sans l’allumer, il absorbera bientôt l’humidité du sol, sans compter celle qu’il aura retenue de la pluie et de la neige ; et si le même homme qui l’a préparé veut allumer un feu après une année ou deux, au même endroit, il ne prendra pas les branches dont il avait formé son bûcher, mais il glanera d’autres, comme lorsqu’il avait préparé son premier bûcher.

Néanmoins, pendant les deux ou trois premières années après l’exploitation, alors que les piles se rapprochent de terre, et que les branches absorbent de l’humidité, il est probable qu’un feu de houppes ébranchées sera plus intense que celui de houppes non ébranchées. Mais, on peut aisément en exagérer la différence, surtout dans une exploitation de bois à pâte ou, tel que susdit, la loi de l’ébranchage des houppes s’applique seulement à une proportion de 10 à 25 pour cent du montant total des branches.

À ce sujet, il importe de se rappeler que si un incendie se déclare dans une coupe où les houppes auront été ébranchées, il nettoiera mieux la surface du sol et diminuera ainsi le danger d’un second incendie. Les débris étant empilés davantage brûleront plus complètement que ceux des houppes non ébranchées, dont les branches sont plus éloignées les unes des autres, de sorte que plusieurs échapperont aux flammes. Les adversaires de la loi, se basant sur ce dernier point, soutiennent qu’un incendie de houppes non ébranchées passera sous ces houppes sans les consumer, et qu’au contraire il brûlera avec plus de force dans les débris empilés, et causera plus de dommages au sol et aux arbres sur pied, jeunes et vieux. Les effets sur le sol, sur la reproduction et les arbres plus âgés seront discutés plus loin. Mais, on peut, dès à présent, se rendre compte qu’un feu de houppes non ébranchées ne consumera que les petites branches, et se contentera de noircir les plus grandes, de sorte que ces restes constitueront un danger d’un second incendie