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Siège. Finalement, dans l’épître Scite profecto, du 14 juillet 1873, le pape, donnant un exemple qui fut ensuite trop bien suivi, attribue à Satan la fondation de la Franc-Maçonnerie ; ce ne peut être que le Démon, dit-il, l’éternel adversaire de Dieu, auquel incombe cette responsabilité ; c’est lui qui a institué la secte et qui s’emploie à la faire prospérer !

Plus tard, le Grand-Orient de Paris sembla justifier en quelque mesure ces accusations, lorsqu’il élimina des conditions nécessaires à l’admission la croyance en Dieu et en l’immortalité de l’âme et déclara hautement que les conceptions métaphysiques n’avaient pas à intervenir dans les affaires de l’Ordre. Cette tolérance à l’égard de l’athéisme provoqua bientôt une scission : Albert Pike, Grand-Commandeur du Rite Écossais aux États-Unis, et le Prince de Galles, Grand-Maître de la Franc-Maçonnerie anglaise, rompirent, par décrets, toute relation avec les Loges françaises. Léon XIII profita de cette occasion, et, le 20 avril 1884, dans la longue et minutieuse encyclique Humanum genus, entreprit de définir l’ensemble de la doctrine, des méthodes et des desseins de la Franc-Maçonnerie, afin qu’on en pût comprendre la nature malfaisante et y opposer une résistance efficace. Le résultat de l’enquête du Pape est condensé dans sa phrase initiale : « La race humaine est divisée en deux sections, dont l’une sert Dieu et le Christ, tandis que l’autre est le royaume de Satan et combat contre Dieu. » C’est à cette dernière qu’appartient l’Ordre maçonnique, puisqu’il s’efforce de renverser l’Église de Dieu pour restaurer le paganisme d’il y a dix-huit siècles, désir insensé où l’on peut reconnaître l’inlassable haine de Satan contre Dieu, l’insatiable soif de vengeance qui anime le Maudit. En termes solennels, le Pape ordonnait à tous les évêques du monde catholique de démasquer les Francs-Maçons et d’enseigner aux peuples ce qu’étaient en réalité ces sectaires, amis du Diable et ennemis de Dieu.

Une déclaration formelle et sans réserves, émanant ainsi de l’infaillible chef de l’Église, ne pouvait manquer de produire sur les fidèles une profonde impression. Le corollaire nécessaire de