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LE VOL SANS BATTEMENT

Ici Mouillard va bien plus loin que l’observation des oiseaux, le mécanicien se révèle : « Ce que la nature n’a pas fait est cependant faisable, dit-il ; elle n’a pas tout inventé, témoin la roue, l’hélice, etc… » L’inventeur décrit alors un appareil où il a produit la direction automatique contre le vent par le moyen d’un gouvernail vertical :

« L’appareil se composait d’un aéroplane ordinaire de 1m75 d’envergure. L’attache du gouvernail qui devait régler l’orientation était une tige de fer plantée verticalement où serait la tête de l’oiseau, c’est donc au milieu de l’avant. Sur cette tige se fixait un drapeau mobile, parfaitement rigide. Sa longueur était égale à l’envergure de l’appareil, il dépassait donc beaucoup la queue, ce qui faisait un gouvernail de 1m75 placé verticalement sur le dos de l’aéroplane. Il était construit en plumes de paon ébarbées et en papier de Chine.

« Au bout de chaque aile, à la place de la sixième rémige de l’annulaire, j’avais établi deux petits plans mobiles collés à ces deux points. Il s’agissait dè faire mouvoir ces plans, de leur faire présenter au moment opportun un angle qui ferait retenue sur l’air, l’accrocherait et produirait ainsi une force directrice. « Deux simples cordonnets à l’extrémité de chacun de ces plans mobiles, passant par un anneau fixé à la place du pouce, et l’autre côté fixé au gouvernail vertical, firent l’affaire. Les deux cordonnets étaient attachés à 0m25 de la tige de fer, ce qui faisait que l’effort de l’air était augmenté de toute l’action du levier.

« Quand l aéroplane en marche voulait suivre une autre direction que celle du vent debout, ce drapeau rigide suivait le courant d’air, déviait de la ligne qui va du bec à la queue. Cette déviation se traduisait à instant par une traction sur le cordonnet opposé à cette nouvelle direction du drapeau ; le plan était