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LE VOL SANS BATTEMENT

est procuré le plus souvent, en petit, par la tête qui se porte du côté où veut aller Foiseau, en plus accentué par le transport général de tout l’être vers ce côté, puis enfin par le ploiement de l’aile du même côté. »

On ne peut donc nier que Louis Mouillard a parfaitement compris l’importance du principe nouveau découvert par lui. Il s’agit là d’une découverte des plus raisonnées, non due au hasard, mais donnant la solution de la direction horizontale, problème sur lequel l’inventeur travaillait depuis de longues années.

Ce n’est pas non plus par hasard que le mot « gauchie », nouveauté de langage dans la technique aérienne, est venu sous la plume de l’inventeur ? Nous trouvons ce terme dans l’œuvre ignorée de Louis Mouillard, sous ses trois formes fondamentales, l’adjectif, le substantif et le verbe.

L’adjectif est dans la lettre à Chanute ; nous avons vu l’expression « cette portion de l’aéroplane gauchie », en parlant du « bout de l’aile qui se tord ».

Le substantif est au chapitre Direction horizontale : « Ce gauchissement était ainsi produit. » La définition du terme est donnée : « déformation de l’aile qui doit rester en retard », c’est-à-dire déformation destinée à provoquer sur l’aile ainsi creusée une résistance supplémentaire à l’avancement.

C’est au chapitre Aéroplane d’essai que nous trouvons le verbe. Gauchir est employé au sens strict où on l’utilise aujourd’hui. Mouillard écrit : « Il s’agit pour se diriger horizontalement, pour gêner la translation d’une aile, pour qu’en un mot elle aille moins vite que l’autre, de gauchir par une traction opérée au point cette portion de la surface portante, afin de se procurer un retard de glissement ».

Dans la réalisation même du gauchissement, dans la reproduction aussi approchée que possible de la ma-