Page:Le vol sans battement.pdf/91

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
83
L’ŒUVRE IGNORÉE DE L.-P. MOUILLARD

offre le spectacle suivant ; toutes les plumes se recourbent et s’étagent sous l’action de la pression du poids de l’animal et du courant d’air. Toute action d’ensemble des rémiges est supprimée : leur grand écartement les unes des autres empêche au reste toute solidarité. Chaque plume a donc sa torsion, qui fait de chacune un plah particulier de relèvement. »

L’organe que Mouillard vient de définir est tout autre, c’est celui qui permet « l’acte actif de direction horizontale », c’est-à-dire de direction dans un plan horizontal. C’est l’organe, cherché depuis tant d’années, qui doit permettre à l’aéroplane de tourner en conservant son équilibre.

Dans l’Empire de l’Air, Mouillard s’était efforcé en vain de trouver le moyen employé par l’oiseau pour effectuer ce mouvement difficile. Il avait indiqué qu’à tout changement de direction correspondait un ploiement de l’aile du côté du centre du cercle décrit, l’oiseau diminuant ainsi la surface portante du côté où il voulait tourner. Mais il s’était parfaitement rendu compte qu’une telle méthode aboutissait à la perte de l’équilibre :

« Quand un oiseau décrit un rond, l’aile du côté du centre est toujours moins étendue que celle dont la pointe décrit la circonférence ; de sorte que, en voyant un voilier ployer légèrement une aile, on sait qu’il va tourner de ce côté.

« Le corps tout entier se prête à ce mouvement l’oiseau se porte de ce côté, la queue, même rudimentaire, bien qu’elle agisse peu, apporte aussi son concours à l’exécution de cette manœuvre. C’est chez les volateurs une action instinctive, absolument, comme chez l’homme, de se servir des bras pour équilibrer les jambes.

« L’équilibre exact, dans le sens de l’envergure,