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LE VOL SANS BATTEMENT

vante de ceux qui comprennent qu’il y a quelque chose cependant dans ma cervelle.

Pendant que je suis en train de me confesser, je puis bien aller au-delà. J’avoue ne pas me servir des formules pour un simple calcul de cube ; ainsi, pour trouver le volume d’une sphère, je ne me sers pas de… (sic) ; non, cela m’effarouche. J’ai peur de me tromper, je préfère chaque fois me dire : une sphère peut être considérée comme formée d’une série de cônes, et, comme le cône se mesure par sa base multipliée par le 1/3 de sa hauteur, etc… Bref je reconstitue chaque fois la formule. Il en est de même de la surface du cercle : je dis pas = …(sic) ; mais c’est une série de triangles. C’est toujours la même chose, mais sans formule.

Malgré cela, je chiffre très facilement et bien juste ; il m’arrive même souvent de voir si les calculs des autres n’ont pas d’erreur. — Je sais bien la physique. — Je me sens ferré sur la chimie et ma part de sciences se terminant en gie. — J’ai même été géomètre, toujours par mes procédés qui sont d’une justesse insolente : en somme, je suis, hélas ! comme toujours, pas comme les autres. Dans ma famille on prétend que cela vient de ma mère nourrice qui était une chèvre. Il y a certainement quelque chose, et qui doit venir de là, car dans d’autres actes de la vie, je remarque que je ne suis pas le chemin de tout le monde.

C’est un grand malheur pour moi, je le reconnais, mais peut-on se réformer sans s’éteindre ? Je ne le crois pas. Je suis cependant persuadé que, si vous m’exposiez de vive voix ce que je ne puis comprendre en dix lectures, j’en aurais probablement pour cinq minutes à le comprendre.

Il y a également dans votre bonne lettre un autre point que je n’ai pas non plus saisi, et qui m’a vivement surpris, c’est celui où vous me dites que l’équilibre longitudinal que j’ai exposé est difficile à exécuter et demande, en somme, une dose de vie que l’homme ne possèderait pas.

L’équilibre vertical, tel que peut le produire l’aé. fig. 30 [1]), est la copie amplifiée de l’oiseau ; c’est le mode qu’il emploie.

  1. De l’Empire de l’Air.