Page:Le vol sans battement.pdf/81

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
73
L’ŒUVRE IGNORÉE DE L.-P. MOUILLARD

de Chicago un chèque de deux mille dollars pour la construction d’un appareil d’aviation. M. Ferdinand Alby, notable négociant du Caire, servit de témoin lors de l’encaissernent qui se fit au Consulat d’Amérique.

Ce fut la dernière joie de Louis Mouillard. La somme fut employée à construire l’appareil pour vol à voiles, dont les restes sont maintenant visibles au musée historique de la Ligue Nationale Aérienne. Des expériences suprêmes sont tentées au Mokattam. Mais les forces trahissent l’inventeur, dont l’agilité se perd de plus en plus.

Il pensa devenir fou, une nuit que le feu prit dans des magasins voisins de l’immeuble, où son appareil était remisé.

Les amis proches se font plus rares. Les relations épistolaires avec quelques parents s’espacent, puis se perdent. Mouillard se fait plus petit à mesure qu’il est plus malheureux. Il ne peut plus espérer, manquant de fonds, arriver à faire publier directement ses dernières études, et en éprouve une peine très vive.

Mouillard habite toujours, avec les Borelli, le no 15 de la rue de l’Église Catholique. Le 1er novembre 1896, il eut un coup d’hémiplégie. En dehors du docteur Fouquet, aucun membre de la colonie française ne s’est approché de la maison pour venir en aide à Madame Borelli qui se dépensait en soins dévoués entre Mouillard et son propre mari, également souffrant d’une maladie qui devait l’emporter en 1898. M. Houdin-Bey, ex-directeur des bureaux européens au Cabinet de S. A. le Khédive, visita Mouillard pendant sa maladie, et recueillit de sa bouche combien il était reconnaissant à Madame Borelli pour ses soins dévoués. Après onze mois de maladie, Mouillard rendait le dernier soupir, le 20 septembre 1897.