Page:Le vol sans battement.pdf/66

Cette page a été validée par deux contributeurs.
58
LE VOL SANS BATTEMENT

meurs, dit-il ; ils veulent rapidement se mettre hors de portée du danger, et alors, développant toute leur puissance, c’est au plus vite et à grands coups d’ailes qu’ils se mettent à fuir. »

Aussi, M. Louis Clodion, qui, le 24 septembre 1881, saluait dans l’Illustration, avec force louanges, l’apparition de l’Empire de l’Air, n’eut-il pas raison, au milieu des fleurs qu’il distribuait à l’auteur, de le critiquer sur ce point. Il ne semble pas d’ailleurs que M. Clodion ait été convaincu de la réalité des merveilles révélées par Mouillard. Le fait que l’inventeur eut l’épaule luxée à la fin d’un essai lui suffit pour conclure : « l’expérience ne réussit pas. » L’idée émise par Mouillard de tenter de planer, une fois la hauteur prise dans un vent de vitesse, suffisante, ne lui suggère d’autres réflexions que celle-ci : « Je ne lui souhaite pas d’en faire l’expérience. »

Ce qui captiva le premier critique de l’Empire de l’Air, fut le lyrisme des descriptions dont le volume est orné. M. Abel Hureau de Villeneuve, bien qu’homme de science, ne put non plus résister au charme de cette langue correcte, qui donnait une parure élégante à l’inspiration la plus élevée.

« Je conseille à tous ceux qui étudient le vol des oiseaux, disait-il, de se procurer le livre de Mouillard. Non seulement ils y trouveront des documents intéressants, ils y rencontreront encore des anecdotes pleines d’un esprit vif, original, pétillant, bien français, et les aperçus d’un homme qui a beaucoup voyagé, beaucoup vu et beaucoup étudié. »

Cette appréciation résume assez l’opinion favorable, mais point enthousiaste, que, dans les milieux cultivés, on eut du livre de Mouillard à son apparition. À dire vrai, on n’en avait pas compris toute la portée.

D’ailleurs, la Société Française de Navigation Aérien-