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LE VOL SANS BATTEMENT

Mouillard est de retour à Lyon. Les onze années qui viennent de s’écouler n’ont pas amélioré sa situation matérielle ; la famille un peu dispersée déjà, s’interroge sur l’avenir qui peut attendre l’aîné.

L’inventeur est tellement en dehors, tellement au dessus des sentiers battus, qu’il semblera véritablement toute sa vie chercher sa voie. En réalité, il l’a trouvée, il en suit les mille détours sur des routes que son entourage ne peut apercevoir. Il est seul à voir naître et à résoudre les mille difficultés qu’appelle le grand problème. Il est la proie du démon de l’invention.

Mouillard voyage, les yeux toujours levés vers les évolutions des oiseaux. Chaque contrée sera pour lui, plus tard, le pays d’un oiseau familier. Et ainsi en décrivant un vol il sera amené à noter un paysage. « Dans ma jeunesse, écrit-il, j’ai beaucoup parcouru les pays montagneux, Bugey, Suisse et Savoie. » Et il nous apprend que son idée de ballon alpestre est née des difficultés qu’il éprouva pour se transporter rapidement dans ces contrées. Ses souvenirs de la Haute-Auvergne sont liés à ses observations sur les vols des pigeons.

Le séjour en France ne fut pas de longue durée. L’utile intervention de relations puissantes permit à Louis Mouillard de quitter le climat maussade de Lyon et d’aller poursuivre dans les pays chauds les observations d’oiseaux de proie en plein vol.

En 1866, il était nommé au Caire professeur de dessin à l’École Polytechnique. Mouillard racontera dans le Vol sans battement combien cette circonstance servit sa vocation.