Page:Le vol sans battement.pdf/479

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
471
CAUSERIES

nant sur la galerie des visiteurs, munie d’une glace qui permettrait de voir ce qui s’y passe et d’étudier l’oiseau. Au moyen d’un subterfuge, il serait facile de bien voir et de n’être pas vu.

Le spectacle qu’offrirait cet ornithorium serait bien curieux. Dans le bas, le repaire des grands amphibies, l’alaitement de leurs petits, les premières leçons de natation, qu’on pourrait suivre si on avait fait un étage-sous-sol, qui serait un aquarium dans la mer libre. On pourrait suivre leurs évolutions très loin dans cette anse, qui serait comme la vraie mer toujours limpide. Plus haut, la rokerie : spectacle inouï, dont on n’a pas d’idée, qui retiendra le visiteur de longues heures en contemplation devant cet ordre social parfait, cette bonne amitié entre tous ces oiseaux d’espèces et même de genres différents. Ces promenades des manchots, pingouins, sphénisques, macareux, marchant droit comme des soldats à la parade, ces rapts d’œufs d’une couveuse à l’autre, et toujours pour le bon motif. Tout cela a un charme, un attrait empoignant qui attirera beaucoup de monde ; les désœuvrés, les indifférents même seront retenus malgré eux. Le gouvernement n’a assurément pas à s’occuper d’une création pareille, mais une ville où il y a des bains de mer pourrait en la créant faire une bonne affaire à cause de l’action attractive qu’un pareil ornithorium aurait pour les visiteurs.

La nidification de tous ces êtres sera accompagnée du magnifique spectacle de l’évolution de l’oiseau tout-à-fait à l’état de nature. Les phoques se croiront. sur leurs rochers populaires. Les pingouins pourront être étudiés dans leurs chasses aquatiques ; et dans l’air on verra en pleine allure de franche liberté les oiseaux marins qu’on n’aperçoit que momifiés dans les vitrines des muséums.